Une pratiquante assidue partage son expérience de stage Yoga :
"Faye d'Anjou, Logis de la Brunetière.
Été 2024
Dernier stage de Yoga d'été.
Errant entre sommeil et veille qu'est ce qui rumine dans ma caboche ?
Nous les stagiaires, complices,
Chacune espérant beaucoup mais est-ce assez ?
Je suis, elles sont
Les souvenirs d'un stage 2023
Les souvenirs d'un stage 2022
Les souvenirs des ans passés reviennent, s'emmêlent et disparaissent.
Peu importe les souvenirs ; ils ont échoué sur les rives de la mémoire
C'était il y a un battement de paupières.
Aujourd'hui une chance encore, à nouveau.
Une entre deux entre des passés obscurs et des avenirs non moins obscurs.
Un entre-deux solaire inespéré sous le ciel d'été
Un nouveau groupe, je ne suis pas seule, nous reprenons.
Tout est à reprendre
Respire respire
Il y a ce que je suis et ce que j'ai été
Il y a la matière dont je suis faite et la forme qu'elle a adoptée.
Il y a la somme de mes désirs, de mes détresses et de joies traversées.
Il y a une saison pour toute chose
et un temps pour le stage d'été
Tiens toi à ce qui est dit.
Le jeu en vaut la chandelle
Le reste est le cinéma qu'on se fait
La balle sous le pied, revenir à l'origine, à l'aplomb, aux jambes et aux talons - le poids du
corps sur les talons.
Aucun aplomb
Un rayon de soleil.
Le regard de Serge, celui de Catherine.
Délivrez nous de nous-mêmes, des apparences.
Effacez tout
les habitudes, les corps abîmés
Revenir à l'origine, au socle.
Tenter, essayer, encore une fois, fidèles à nos échecs, à nos défaites
Change, nous avons changé
La vie continue
À prendre pied. À perdre pied.
Ce fut un matin à 7 heures
Ciel nouvellement bleu, avec au lever un léger mal de crâne.
Je me tiens en équilibre au bord de moi-même.
Contentement.
C'est un beau jour
Apprendre à habiter mon corps en conscience et prier
Au commencement c'est une pratique dépouillée, sobre
Une pratique guidée au lever du jour, magnifique
Ce fut en matinée ou en après-midi, des ateliers
Les cloches dictent l'heure, l’Angélus ou la fin d'un enterrement.
Le chat passe inquiet, excité
Lui aussi prend ses marques
Le tracteur qui ronfle avec une poussière douteuse
L'air pur
Rien que le souffle de la brise, le sentiment d'exister
Muscles, mollets, cuisses, chevilles, articulations, genoux, bras jambes, épaules, mains
C'est simple, pas si simple.
C'est dur toutes ces petites douleurs qui apparaissent.
Tu finiras bien par t'y faire.
Le tourbillon de sensations n'advient pas comme ça.
Des repères. Des photos, des vidéos.
Oui mais surtout
Ce qui est fait est à refaire
J'y crois tant que dure la chanson
Dans la posture se reconnaissent les préparatifs de la posture et dans les préparatifs de la
posture se reconnaît la posture. Et c'est ainsi qu'enchevêtrés entre préparations de posture
et postures, le temps n'est plus. Il est plein à ras bord et n'a pas la même mesure qu'avant et
que bientôt.
Il y a une chose qui cloche mais un mot, une ambiance, une rigueur, une union et une
communion et le corps qui se retrouve, s'y retrouve, revient.
Sans m'apercevoir j'ai malgré tout suivi, poursuivi. Quelque chose respire encore sous le
carcan des habitudes inavouables, quelque chose frémit.
Cela a eu lieu, d'explorer les recoins de mon corps et se reproduira encore.
A pratiquer et essayer d'explorer tous les recoins du temple qu'est mon corps
Je me reconnais dans l'expression « ardeur désespérée » et le bouleversement qui s'ensuit
Engrange ma mémoire, expérimente, mon corps. Ne flanche pas. N'en revient pas. Ne
faisant plus que respirer, expirer pour inspirer et prier.
Comme tout cela est juste
Écoute. Écoute donc
« Serge dis moi, est-ce la bonne posture ? »
« Catherine j'y suis, là ? »
On voudrait dire, on voudrait dire ; on voudrait être seule avec eux.
A étirer et à plier, fléchir, à pousser et repousser ou contre pousser. « Aïe aïe, ça fait mal » ;
« Oh là je sens un pincement » et je m'abandonne un instant à découvrir l'énergie et l'aise
qui circule en moi, découvrir les grâces de cette énergie et oublier le temps-là des
mauvaises nouvelles ; elles attendent un peu.
Et puis revenant à ces pensées difficiles et s'oublier en écoutant la voix qui guide, qui
répète mais jamais pareillement et toujours autrement et pour une infime parcelle de ce
corps explorée encore et si peu.
Vaste sujet.
Toujours le même refrain : « Ressentez, expérimentez, ne faites pas en fonction de ce que
vous voyez, n'imitez pas. »
Suivez ma voix, ma voie
En conscience
Apprécier le spectacle que donnent Serge et Catherine,
Oui ce sont des artistes et plus que ça
A regarder les autres, compagnes de la semaine, s'essayer, douter... à fleur de peau, à fleur
de mots, frêles embarcations... qui parviendront ou pas
Rien d'obscur et pourtant on singe encore plutôt que s'ingénier à trouver la grâce subtile. Et
le résultat est confus, embrouillé.
« A vous de faire. Vous essayez ? »
Et essayer avec acharnement et sans effort, ou trop
ces pratiques sont des combustions
Et mon corps, obsolète, bientôt, déjà car c'est bien de cela qu'il est question aussi.
Est-ce bien raisonnable ?
Mélancolie. Pas de nostalgie
Ce que je peux comprendre encore et j'en suis étonnée. J'y reviens.
Exactes sont les journées...Et malgré mon cœur lourd cela m'émerveille. Retrouver ces
instants de grâce.
Qu'il en soit fait selon la parole enseignée
« Obstinez vous »
Et tout ça n'empêchera pas de bavarder, assises sur des transats non recommandables pour
l'antéversion, à l'ombre des arbres, et de goûter ce soir, cette soupe épaisse à la courgette, au chou-fleur ou à la tomate."
Isabelle Poupard,
Nantes, 17 juillet 2024
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